Des données de la recherche à l’art génératif

Fabrizio, quel est l’objectif de votre projet de recherche et quelles données générez-vous ?

Après un accident vasculaire cérébrale (AVC), on perd la capacité à bouger mais pas la capacité à imaginer. Lorsqu’on imagine un mouvement, notre cerveau génère la commande cérébrale associée au mouvement. Au cours de ces dernières années, nous avons développé à l’Institut du Cerveau, une interface cerveau-machine dite non invasive, capable de détecter cette commande cérébrale et de la transformer en commande réelle. Notre ambition est d’utiliser cette technologie pour stimuler la récupération motrice des patients après un AVC, c’est-à-dire rétablir une communication efficace entre le cerveau et le membre paralysé.

Pouvez-vous nous expliquer comment fonctionne cette interface cerveau-machine non invasive ?

Cette interface repose sur l’électroencéphalographie, ou EEG, qui permet d’enregistrer l’activité électrique des neurones. Nous utilisons des électrodes placées sur le cuir chevelu pour capter ces signaux cérébraux. C’est comme si ces électrodes correspondent à des instruments musicaux différents. Ils interagissent entre eux et génèrent des signaux différents pour former une musique harmonieuse. Il est possible de transcrire tous ces signaux sous forme de série numériques ce qui compose une véritable partition cérébrale.

Ces données sont donc essentiellement scientifiques. Comment avez-vous eu l’idée d’en faire un pont avec l’art ?

C’est en rencontrant Florian que cette idée a pris forme. Il m’a montré comment les données, que nous percevons comme purement scientifiques, pouvaient être réinterprétées pour devenir une matière artistique.